Jamais ne se puisse lasser
Ma Muse de chanter la gloire
D'un Ver petit, dont la memoire
Jamais ne se puisse effacer:
D'un Ver petit, d'un Ver luisant,
D'un Ver sous la noire carriere
Du ciel qui rend une lumiere,
De son feu le ciel mesprisant.
Une lumiere qui reluit
Au soir, sur l'herbe rousoyante,
Comme la tresse rayonnante
De la courriere de la nuict.
D'un Ver tapi sous les buissons,
Qui au laboureur prophetise,
Qu'il faut, que pour faucher aguise
Sa faulx, et face les moissons.
Gentil prophete et bien apris,
Apris de Dieu qui te fait naistre
Non pour neant, ains pour accroistre
Sa grandeur, dedans nos esprits!
Et pour montrer au laboureur
Qu'il a son ciel dessus la terre,
Sans que son oeil vaguement erre
En haut, pour aprendre le heur
Ou de la teste du Toreau,
Ou du Cancre, ou du Capricorne,
Ou du Belier qui de sa corne
Donne ouverture au temps nouveau.
Vrayment tu te dois bien vanter
Estre seul ayant la poitrine
Pleine d'une humeur crystaline
Qui te fait voir, et souhaiter
Des petis enfans seulement,
Ou pour te montrer à leur pere,
Ou te pendre au sein de leur mere
Pour lustre, comme un diamant.
Vy donc, et que le pas divers
Du pié passager ne t'offense,
Et pour ta plus seure defense
Choisi le fort des buissons vers.