Pendant que la jeunesse animoit aux alarmes
Et mon bras et mon sang alteré de l'honneur,
Desja je batissois de la Parque vaincueur,
Entre les ennemis mon tombeau dans mes armes:
Mais Mars en fut jaloux, et m'ostant le harnois
Me rend en ma maison, où finissant ma vie
J'ay vescu tant heureux, que je ne porte envie
Ny vivant ny mourant à l'heur mesme des Rois.
Or la mort m'a vaincu, non la peur ny la guerre,
Et pour mettre à jamais en plus heureux repos
Et en gloire plus grande et mon ame et mes os,
Laissé l'un dans le ciel, l'autre dedans la terre.
Ainsi doncques suyvant l'ordonnance du sort
Des trois fatales Soeurs, je donne à la memoire
La gloire, le bonheur, le nom et la victoire,
De guerre, de repos, de vaillance, et de mort.