Celuy qui fait de ses doigs
Rougir mesme la Nature:
Soit pour animer un bois,
Ou bien la morte peinture:
Soit pour entonner un chant,
Qui de force piperesse
Va le nocher allechant
Sous sa voix enchanteresse:
Ne craigne jamais l'effort
10De la darde injurieuse,
Que brandist la palle mort
Sur le corps victorieuse:
Corps et nom par le trespas
Les Deesses filandieres
D'un tel n'accableroyent pas
Dessous leurs dextres meurdrieres.
C'est un vray present des Dieux
Que d'estre peintre, et poëte:
Et d'autre part que des cieux
Ne naist vertu si parfaicte.
Car de solide n'a rien
Sous ceste voûte azuree:
D'en haut vient doncques le bien
Qu'a nostre âge bien-heuree.
Tes escrits monstrent assez,
Denisot, comme la gloire
Des biens du Ciel amassez
Enrichist nostre memoire.
Fuyez tenebres fuyez,
Cachez-vous dans l'onde coye:
Et vous Corbeaux, espiez
En autre lieu vostre proye.
Le sujet n'est point d'Amours,
Le trait n'est point variable,
Ny fabuleux le discours:
Mais eternel et durable.
Icy ne sont point chantez
D'un son pipeur les mensonges,
Bois meuz, fleuves arrestez,
Ny d'un mont cornu les songes.
Icy l'on voit seulement
Descouvertes les merveilles
Du sacré Advenement,
Digne des sainctes oreilles.
Sus Denisot, de tes vers
Comblant les terres estranges,
Entonne par l'Univers
De nostre Dieu les louanges.