Bergers, je vous supply, retirez vos troupeaux
Dessous l'ombre mollet de ces larges Fouteaux,
Tirez vous à l'escart, et recherchez la veine
Soubs ce roch caverneux, de quelque eau de fontaine
Pour vous sauver du feu qui s'escoule, amoureux,
Des poulmons eschaufez d'un pauvre langoureux.
L'air comblé de mon feu et les troupes legieres
Des haleines des vents emportent messageres
Un scadron allumé de soupirs elancez
Qui couvoient en mon cueur l'un sur l'autre entassez.
Amour ce petit Dieu, boutefeu de ce monde,
Qui brule de son feu le ciel, la terre, et l'onde,
Ne vomist que ma flame, et ma Dame ardamment
Ne porte dans ses yeux que mon embrasement
Pource fuyez bergers, vos brebis camusettes
Se pourroient eschaufer de mes flammes secrettes:
Les boucs, et les aigneaux, le chien et le pasteur
Pourroient bien eventer les flammes de mon cueur.
Las je brusle d'amour, et si l'eau de la Seine
Ne coule promptement au secours de ma peine
Pour esteindre l'ardeur du grand mal que je sens,
Je crains que le brasier qui devore mes sens
Ne tarisse alteré des flammes de ma peine
Les ondes de la mer et les eaux de la Seine.